Le festival 4 Chemins depuis l’arrivée de son directeur artistique Guy Régis Jr, ne se limite plus au théâtre mais il entend embrasser les autres disciplines des arts de la scène et autres. Cette année encore, la danse était au rendez-vous et à cette occasion nous avons découvert deux intrigants créateurs : Sara Leah Tan Siyin, une singhapourienne qui nous vient de la Belgique accompagnée de son chorégraphe et danseur Franck Micheletti. L’on peut dire que ces deux représentations ont questionné le public qui n’y a compris que du feu. 

 

En effet, la danse contemporaine à l’instar des autres disciplines qui ont été touchés par la contemporanéité se renouvelle et repousse les limites de la danse classique ou moderne. Elle n’est sous l’influence d’aucune règle, ni de narration, mais il existe toutefois un déroulement significatif  tout au long de la chorégraphie, elle seule donne la possibilité de danser sans une note de musique, car elle questionne aussi la notion de musicalité. Ce style ne cesse de bousculer partout la vision du beau pour certains et interpelle l’esprit créatif pour d’autres. A cet effet, les chorégraphes dits contemporains ont voulu couper le pont avec le vocabulaire de la danse. Plus question de mouvement corporel précis, c’est une danse qui questionne et qui met en étroite collaboration le danseur et son environnement. Interrogée à ce sujet, pour Sara qui danse le ballet classique et la claquette, la danse contemporaine lui permet mieux d’exprimer ses émotions et ses idéologies. Car elle se sentait submergée par les mouvements répétitifs inventés par d’autres, et depuis qu’elle a fait connaissance avec la danse contemporaine aux Etats-Unis, elle l’a tout de suite adoptée. Ce nouveau style correspondait tout à fait avec ses valeurs et lui donnait plus de liberté en tant qu’artiste. 

 

L’esthétique dans la danse contemporaine se définit dans la réalisation de mouvements ordinaires, mécaniques et est l’expression de la vision du chorégraphe par rapport à son univers. Pour Franck Micheletti, la danse contemporaine est un jeu des éléments et est tout le temps en extension. Elle n’a pas de codification arrêtée, et ne cesse de renouveler ses expériences. L’avantage de ce médium est qu’il se réinvente à chaque fois dépendamment du chorégraphe. Selon lui, une danse qui exhibe notre perception du temps, de l’espace, de notre corps, une expérience particulière qui porte des mondes pluriels, et qui peut être très poétique. 

 

Certaines personnes restent attachés à la danse classique et sont inquiets par rapport à cette notion contemporanéiste que traversent les arts, et se demandent ce qui restera après, parce que pour eux la danse moderne ou le post moderne abime le noyau de l’art. A cette question Franck donne son point de vue en affirmant que c’est très normal que l’art avance car elle a toujours avancé. L’art toujours, selon lui, est là pour troubler et l’on doit accepter ce trouble. C’est normal que l’art déstabilise notre perception, le format habituel. Et pour ceux qui n’ont pas compris sa performance, il ajoute qu’il voulait démontrer que l’homme n’est jamais isolé. Et que malgré notre envie d’être maître de la nature, de la posséder, nous n’y arriverons jamais. Mais, nous pouvons revendiquer notre place en essayant de nous mettre en liaison avec le système : le sol, les arbres, l’univers toute entier.

 

Pour conclure, Guy Régis Jr, le directeur artistique du festival des quatre chemins, se veut l’un des pionniers à intégrer la danse contemporaine dans notre culture, et dans cette otique il compte fermement renouveler cette expérience les années à venir avec d’autres artistes de danse contemporaine.

 

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