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Fabrique du commun
novembre 27, 2014 @ 5:00 pm - 6:00 pm
Composé d’artistes et chercheurs de provenances (disciplinaires et géographiques) diverses, le collectif kom.post travaille moins sur le « geste » de l’artiste, moins sur la «participation » du spectateur que sur ce qui se produit toujours « entre », dans l’hétérogénéité des positions: l’expérience artistique dans toute sa pluralité. Afin de remettre en partage ce mode de composition partagée depuis les différences, le collectif a inventé un dispositif nommé la Fabrique du commun et qui consiste en effet, en la création d’un espace « horizontal » qui brise les frontières entre les différents types de parole (celle du spécialiste et de l’amateur ; du professeur et de l ‘étudiant, de l’artiste et du spectateur) pour les replacer, à niveau égal, « autour d’une table » composée par la variété des sensibilités, des paroles et des attentions.
Repensée à chaque fois en fonction du contexte d’intervention, c’est sous une forme et une question que lui insuffle le terrain d’Haiti où la fabrique du commun vient s’installer durant le festival « Quatre chemins » qu’elle s’ouvrira au public le jeudi 27 novembre au café Philo. La dramaturge et philosophe Camille Louis, initiatrice du collectif, viendra à la rencontre du pays, de ses histoires plus que de son Histoire, auxquelles elle se rendra attentive par une série de rencontres menées à travers le territoire et toutes impulsées par cette question qui sera remise en partage de tous le 28 : comment passer de la cohabitation de nos amnésies individuelles à la composition d’une mémoire partagée ? Le travail d’immersion sensible et sensé nécessaire à la composition de cette fabrique se fera en dialogue intime avec le professeur Etienne Tassin et son groupe d’étudiants de Port au Prince qui deviendront de précieux contributeurs de la fabrique des récits qu’engage et/ou implique celle du commun. Nous vous invitons à rejoindre l’une des tables de cette conversation partagée, où l’égalité des voix se maintient et se produit dans l’hétérogénéité des participations sans laquelle aucun « commun » ne peut survenir. La soirée commencera par une forme d’immersion dans un bain de témoignages, de paroles collectés ici et ailleurs, d’images familières et pourtant improbables, de toutes ces matières recueillies qui créeront, peu à peu, ce terrain de départ depuis lequel « on peut commencer à parler ». S’en suivront alors différents temps de conversations, impulsés en chacune des tables, singulièrement, mais aussi mises en commun par un dispositif simple de transcription et projection pris en main par les artistes de kom.post. Il suffira de prendre le temps. Le temps de l’attention, de l’écoute et du déplacement qui ne fera peut-être rien d’autre que de nous ramener au plus près de « nous »… Alors, à nouveau, comme au tout début résonnera cette question, persistante et oubliée, qui demeure sans réponse unique : Qui sommes-nous ? Et, au sein de La fabrique qui transforme l’être en devenir nous entendrons surtout : Ici, en commun, que nous fabriquons-nous ? Comment nous créons « nous » ? A présent, oui, « nous sommes au tout début »
Née en 1984, Camille Louis, développe son travail à la jonction de la philosophie et de la création scénique, cherchant à repenser sans cesse les rapports entre pratique théorique et pratique artistique. Ainsi, sa recherche sur les reconfigurations du politique et le prisme de lecture que leur offrent les arts, l’ont conduite il y a 5 ans à initier, en tant que dramaturge, un collectif interdisciplinaire du nom de kom.post et le travail qu’elle mène avec lui nourrit en retour son travail de thèse mené à Paris 8 (où Camille enseigne depuis 2 ans) sous le titre « la recomposition du Politique dans la décomposition des politiques ». Soucieuse de repenser sans cesse les relations entre création et réception et les conditions faisant de l’expérience artistique une « fabrique du commun », elle invente, dès le début de sa carrière de dramaturge et pour chacune de ses expériences de plateau, des objet réflexifs aux formats variés allant de l’atelier avec spectateurs, à la création de revue (Centquatrevue) en passant par différents dispositifs de conférence performative, permettant les croisements dialogiques interdisciplinaires. Actuellement en résidence à la Cité Internationale des arts, elle y mène un travail de réécriture-fiction autour d’archive « Des lacunes miraculeuses » où la question de la mémoire singulière et collective est, comme pour sa proposition de Fabrique du commun en Haïti, déterminante.